La croissance du PIB réel de la Chine a surpassé les attentes du consensus, passant de -6,8% en glissement annuel au premier trimestre à 3,2% au deuxième. Nos estimations et le pourcentage officiel en glissement trimestriel font, tous deux, état d’un fort rebond en forme de V, tiré par le secteur industriel. Nous expliquons cette surprise à la hausse par deux facteurs importants. Tout d’abord, le secteur des exportations a mieux résisté que prévu. En effet, grâce à un redémarrage précoce, les expéditions d’équipements de protection individuelle/ médicaux et les exportations d’ordinateurs de la Chine ont fait un bond au deuxième trimestre, compensant les faiblesses dans d’autres domaines.
Ensuite, les bonnes performances des services financiers (marché actions haussier, émissions obligataires dynamiques), des services informatiques (demande de travail à distance) et de l’immobilier (demande élevée et moins de restrictions de l’offre) ont contrebalancé la faiblesse des services aux consommateurs. À eux seuls, ces trois secteurs représentent un tiers du total du secteur des services et l’ont ramené plus tôt que prévu à ses niveaux d’avant-crise. Nous anticipons une poursuite de la croissance du PIB jusqu’à environ 6% au second semestre et nous révisons à la hausse nos prévisions de croissance du PIB de 0,2 point de pourcentage pour 2020, les ramenant d’une fourchette de 1,4% à 2,4% à une fourchette de 1,6% à 2,6%.
En termes séquentiels, après sa forte progression, la croissance de la Chine devrait se normaliser à la baisse pour converger vers sa tendance. Au second semestre, la reprise des services devrait être plus rapide que celle du secteur industriel, grâce à un assouplissement des contraintes de l’offre et à un redressement de la demande. Les responsables politiques viennent d’annoncer à la mi-juillet qu’ils allaient assouplir les restrictions sur le tourisme interprovincial et permettre la réouverture des salles de cinéma dans tout le pays, ce qui favorisera les retardataires de ce cycle de reprise. La croissance des revenus des ménages est repartie à la hausse, ce qui améliore les perspectives en matière de consommation. Dans le secteur industriel, un rebond progressif de la demande extérieure et des investissements publics intérieurs devrait continuer à alimenter la reprise de la production. Toutefois, la dynamique d’expansion devrait ralentir à mesure que le rythme de production de la plupart des fabricants revient à la normale et que l’avantage du redémarrage précoce s’estompe.
Au nombre des risques qui menacent nos perspectives figurent la poursuite du resserrement de la politique intérieure, un ralentissement du rebond à l’étranger et une nouvelle escalade des tensions sino-américaines.