Après la pause dans le cycle de durcissement annoncée en janvier par la Réserve fédérale américaine, et confirmée en mars, et les nouvelles mesures d’assouplissement des dirigeants chinois (longuement abordées ici), la BCE est aussi devenue plus conciliante.
En d’autres termes, le revirement des banquiers centraux est bien réel et englobe à présent les principales économies du monde, même si leur ton et leurs marges de manœuvre diffèrent :
- En Chine, la PBoC a abaissé le montant des réserves obligatoires pour les banques bien plus qu’en 2015/2016. Elle pourrait encore assouplir sa politique sur plusieurs plans. La politique budgétaire reste aussi favorable.
- En Europe, la BCE s’est montrée plus conciliante en mars et a annoncé une nouvelle opération TLTRO pour soutenir les banques régionales. Il est peu probable que sa marge de manœuvre soit beaucoup plus élevée, en particulier si la personne qui remplacera le président Draghi cette année fait preuve de plus de fermeté. Bien qu’il soit possible d’assouplir la politique budgétaire, les obstacles politiques sont élevés.
- Après avoir signalé une pause et s’être déclarée prête à faire usage de son bilan si nécessaire, la Fed a confirmé son point de vue en :
- ajustant son tableau des projections pour ne plus prévoir aucune hausse des taux en 2019 et juste une en 2020 (Encadré 1)
- revoyant à la baisse ses prévisions de croissance et d’inflation
- en réduisant plus modérément son bilan à partir de mai (passant ses rachats à 15 milliards de dollars par mois, contre 30 milliards actuellement) pour s’arrêter complètement en septembre.
Autre point important, la Fed a déclaré qu’elle accordait plus d’importance à l’inflation, ce qui rendra plus difficile un futur durcissement de ton. Concernant ses capacités supplémentaires, il nous semble évident que la Fed est labanque centrale la plus fournie en « munitions » pour assouplir sa politique si nécessaire.
Graphique 1: La Fed en mars: des projections moins ambitieuses…
Source : Bloomberg et BNPP AM, au 29/03/2019
Un revirement inattendu
Le revirement politique de la Fed, qui se détourne d’une réduction systématique de son bilan pour l’arrêter, est un point crucial pour les marchés, qui ont été pénalisés en 2018 dans un contexte de craintes face au resserrement quantitatif. En effet, comme le montre l’encadré 2, le début de la réduction du bilan a déstabilisé les marchés d’actions. À présent, cette réduction devrait prendre fin plus tôt que prévu.
Graphique 2 : …et la Fed cesse son processus de réduction systématique
Source : Bloomberg et BNPP AM, au 29/03/2019
Pourquoi les banques centrales ont-elles si rapidement changé de direction ?
Nous pensons que la Fed (en particulier) a pris conscience qu’un ralentissement de la croissance combiné à un durcissement monétaire était néfaste pour les marchés financiers (Encadré 3). Il est évident que suite à près d’une décennie de marchés dopés par l’assouplissement quantitatif, les banques centrales se montrent à présent plus sensibles aux conditions financières que lors des cycles précédents.
Graphique 3 : Détérioration des données US + durcissement monétaire = problème
Source : Bloomberg et BNPP AM, au 29/03/2019
Force est de reconnaître que seule la Chine assouplit effectivement sa politique actuellement, les autres grandes banques centrales ayant juste marqué une pause ou adopté un ton plus accommodant. Néanmoins, il apparaît que les banques centrales ont créé un environnement idéal qualifié de « Boucles d’or » : l’inflation reste basse, la croissance est molle, mais se maintient, et le risque d’un durcissement monétaire est donc faible.
Cet article est extrait de l’analyse trimestrielle de l’allocation d’actifs de l’équipe MAQS (Multi Asset, Quantitative Solutions) de BNP Paribas Asset Management.
Pour plus d’articles sur les marchés, cliquez ici >
Pour plus d’articles sur les banques centrales, cliquez ici >